Mise à jour du 21 mai 2018

Fernando CARCUPINO


Fernando Carcupino, grand maître italien dans l’art de l’illustration, est décédé à Milan le 21 mars 2003. Il avait, au début de sa carrière, réalisé quelques bandes dessinées.
Carcupino naît à Milan le 23 juillet 1922. Il étudie à l’Académie des Beaux-Arts de Brera. Entre 1942 et 1948, il place quelques bandes dessinées chez différents éditeurs :
- Pompeo Mezzabarba, un court récit en deux planches paru en complément de Furio Almirante dans la collection AUDACE en 1942.
- Il Solitario dans ALBO DINAMITE n° 10 (18.4.1946). Il s’agit d’un gentleman-cambrioleur portant un masque dont les premiers épisodes sont dessinés par Enrico Bagnoli. Voir IL FUMETTO n° 25 (3.1998) page 25.
- Il Figlio della Notte (Le Fils de la Nuit) paru en seconde partie de Amok dans la COLLANA AVVENTURE E MISTERO (1948). Le personnage central, Hakim Wassiliewsky, est surnommé L’Invulnérable (L’Invulnerabile) car son corps possède la faculté d’absorber tous les métaux. Carcupino prend le relais de Giorgio Scudellari qui avait dessiné la première partie. Le scénariste est Andrea Lavezzolo, célèbre pour sa création de JimTaureau. Cette série à caractère fantasmagorique a été traduite en France par la S.A.G.E. dans l’hebdomadaire AVENTURES, les planches de Carcupino correspondant aux numéros 30 (25.7.1949) à 43 (24.10.1949). Voir HOP ! n° 94 page 31.
Un jour de 1945, Carcupino est contacté au téléphone par Mario Faustinelli qu’il a connu lors de l’élaboration du film d’animation La Rosa di Bagdad. Faustinelli dirige la revue L’ASSO DI PICCHE et invite Carcupino à passer une semaine chez lui, à Venise, lui proposant une collaboration. C’est là qu’il fera la connaissance de Pratt et de Battaglia.
Pour L’ASSO DI PICCHE (n° 3 à 6, 1946), il crée le personnage de Draky, une histoire hallucinante de tableau hanté. Resté interrompu après huit planches, Draky sera repris et complété dans SGt. KIRK n° 24 (6.1969). Une autre série, Billy King, prévue pour L’ASSO DI PICCHE, ne paraîtra finalement qu’en 1969 dans SGt. KIRK, sans doute à cause de la censure :
- n° 19 (1.1969) : Billy King e il vampiro
- n° 20 (2.1969) : Billy King : Lyon il figlio del vampiro
Billy King est un enquêteur du surnaturel qui traque des vampires dans une ambiance macabre et expressionniste. Alors que l’ensemble du groupe « Asso di Picche » se réclamait clairement de Milton Caniff, Carcupino développait une sorte de B.D. expérimentale, oscillant entre l’horreur et le grotesque, dans un style rappelant Eisner, en plus glauque.
À vingt-six ans, Carcupino décide de faire le tour de l’Europe en auto-stop. Il exercera différents métiers. « Une des plus belles périodes de ma vie », dira-t-il plus tard.
À partir de 1954, il ne travaille plus qu’en illustrations et en couvertures, pour des hebdomadaires comme LA SETTIMANA UMORISTICA, EPOCA etc. Pour CONFIDENZE, il illustre Maigret.
Il peint et expose.
En 1972, il hérite des couvertures de LA GIRAFFA qu’il orne de jolies pin-ups. Pour la curiosité, signalons qu’on a retrouvé quelques couvertures signées Carcupino dans le petit format RHAPSODIE des éditions Edi-Europ, vers 1968-1969 (n° 10, relié)
Dans les années 1974-1976, il réalise une poignée de couvertures pour les pockets érotiques des éditions Edifumetto : SEXY FAVOLE (43 à 49, 56), SEXY FAVOLE DOPPIE (23 à 30, 32), LO SCHELETRO, I NOTTURNI, IL VAMPIRO…
Certaines ont été reprises chez Elvifrance : CONTES SATYRIQUES (24, 32), CONTES FÉEROTIQUES (21 à 23, 28, 34, 39, 41)
Les femmes de Carcupino sont sensuelles et mutines, jamais vulgaires ni provocantes. Sur les Edifumetto, elles sont généralement représentées seules et traitées de manière artistique.
Graziano Origa, dans son fanzine FUMETTI D’ITALIA, a publié un dossier bien illustré sur Carcupino (n° 23, Automne 1977).

Gérard THOMASSIAN

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Geoff Campion : la carrière d’un champion

 

Arthur Geoffrey Campion est né à Coventry en novembre 1916. Dès son jeune âge, il est initié au dessin par son père. Pendant la guerre, il se porte volontaire pour combattre dans la « Royal Artillery » (1940) et il est envoyé en Afrique. À la démobilisation, il devient comptable dans un cabinet juridique. Mais, en 1948, il découvre une petite annonce dans le Daily Telegraph : Amalgamated Press, le plus important éditeur britannique de presse enfantine, recrute des dessinateurs. Sur deux cents candidatures, seuls deux débutants sont retenus par le rédacteur en chef Leonard Matthews : Reg Bunn et Campion (curieusement, tous deux sont originaires de Birmingham).

L’une des premières commandes de Campion consiste à succéder au vétéran Derek Eyles sur Sand, histoire d’un cheval sauvage qui remporte un grand prix, d’après un film de la Fox. Parue dans l’hebdomadaire SUN en 1950 (n°61 à 66), elle a été traduite sous le titre Jubilee cheval sauvage dans COQ HARDI en 1953, du n°119 au n°122 (la planche du n°119, correspondant au SUN n°61, étant celle de Eyles).

Les années cinquante sont la décennie du western et Campion va en devenir le grand spécialiste, ce qui est un comble pour quelqu’un qui affirmait, au début de sa carrière, n’avoir jamais dessiné un cheval de sa vie ! On lui confie la responsabilité d’inaugurer la fameuse collection COWBOY COMICS LIBRARY avec un premier numéro consacré à Buck Jones (avril 1950). Il en dessine une vingtaine d’épisodes. Suivent trois aventures de Kit carson, toujours dans la même collection, pour laquelle d’ailleurs Campion réalise de belles couvertures, qu’il signe parfois de ses initiales AGC. La version française est publiée par les éditions Impéria.

En 1952, il adapte le film Quo Vadis avec Robert Taylor pour THRILLER PICTURE LIBRARY n°19, que la S.P.E. traduit à deux reprises : MONDIAL AVENTURES n°9 en 1955 et L’ÉPATANT petit format n°2 en 1968.

Robert Taylor inspire décidément les Anglais puisque la prestation de l’acteur hollywoodien dans le film Billy the Kid suscite une adaptation dessinée, qui débute dans l’hebdomadaire SUN en 1952. Campion fait preuve d’un grand panache dans ces récits courts mais dynamiques, disséminés chez différents éditeurs en France (PEPITO, JIM TAUREAU, FAR WEST, TEX TONE, BUCK JOHN, CASSIDY, LE JOURNAL DE L’AVENTURE, MANITOU).
Pour l’hebdomadaire COMET, il crée Strongbow the Mohawk  puis Buffalo Bill (voir ci-contre).

À chaque fois, plusieurs dessinateurs prennent le relais de Campion qui n’a pas le temps de tout assumer. La Fleetway l’utilise en tant que maître d’œuvre, afin qu’il crée de nouveaux personnages qui seront ensuite continués par d’autres collaborateurs du groupe. Son style s’impose comme le modèle à suivre et, de ce fait, il aura de nombreux imitateurs. En ce sens, sa contribution à la bande dessinée britannique d’après-guerre sera capitale.

Le SUN du 7 janvier 1956 voit apparaître un nouveau héros conçu par le duo Butterworth (scénario) – Campion (dessins) : Battler Britton. Ce lieutenant-colonel de la R.A.F. n’en finira pas d’aligner les combats contre les Allemands, donnant du travail à d’innombrables dessinateurs, parmi lesquels un certain Hugo Pratt. En France, Battler Britton commence sa carrière en seconde partie de GARRY avant de devenir le titre d’un pocket au succès fracassant.

En septembre de la même année, Campion change de registre et aborde la science-fiction. Il crée Jet-Ace Logan, un pilote du futur, pour COMET (sc. David Motton), réalisant le premier épisode et abandonnant le personnage au milieu du second à John Gillatt. En France, les planches de Campion correspondent à JET LOGAN n°40 à 42  pour l’épisode 1 (réédité dans SUPER BOY n°383 à 385) et JET LOGAN n°43 et 44 pour l’épisode 2 (réédité dans SUPER BOY 390 et 391).

Deux mois plus tard, il met en images Wyatt Earp, un personnage mythique de l’Ouest américain qui doit sa renommée au cinéma (il fut interprété par Henry Fonda en 1946 et Burt Lancaster en 1957). Sur les 28 épisodes que compte la série, Campion n’a dessiné que le premier et le quatrième (SUN n°405 et 408). Ils ont été traduits dans HÉROS DU FAR WEST n°7 et FAR WEST AVENTURES n°9.

Décidément éclectique, Campion travaille même pour POPPET, un hebdomadaire pour filles dans lequel il dessine Black Velvet (1963), une version féminine de Dick Turpin. Ces aventures chevaleresques se déroulent vers 1745 : restée fidèle au prince Charles Stuart, Lady Margaret Wade est pourchassée par les partisans du roi Georges. Elle devient hors-la-loi, masquant son visage d’un loup noir. La jeune fille rétablit alors la justice à sa manière, volant aux riches pour restituer aux déshérités, redressant les torts causés par la milice du roi Georges avec humour et gaîté. Traduit sous le titre Miss Loup Noir dans FRIMOUSSE du n°231 au n°240.

Lorsque les bandes dessinées axées sur le sport commencent à remplacer le western dans la presse enfantine britannique, Campion conçoit un Indien champion de catch pour le journal TIGER en 1962 : Johnny Cougar. Il paraît chez Aventures et Voyages sous le nom de Puma Noir dans SWING ! n°25 à 29 (réédité dans ATÉMI n°229 à 233). John Gillatt prendra une nouvelle fois la suite. L’éditeur français complètera le matériel anglais par de nombreux épisodes inédits.

Puis vient l’époque des agents secrets, au milieu des années soixante, sous l’influence des James Bond. Campion crée coup sur coup Vic Gunn dans LION (traduit en Simon Kane dans JANUS STARK n°1 et 2) et Nelson Lord dans TIGER (traduit aux éditions Arédit dans KING).

L’année 1968 marque le retour de Campion au western : dessinée au lavis pour l’hebdomadaire JAG, sa version du Général Custer déforme complètement la réalité historique, l’officier dévoré d’ambition devenant un véritable chevalier, d’une impeccable moralité ! On trouvera la traduction dans BONANZA du n°45 au n°48.

Bien d’autres héros sont nés sous la plume de ce prolifique et magistral auteur. On se contentera de citer celui qu’il avouait préférer : The Spellbinder (La dynastie des Turville dans AKIM COLOR).

Geoff Campion ne prit sa retraite qu’à la fin des années quatre-vingt, pour décéder le 27 décembre 1997. C’était un homme chaleureux, modeste et bourré d’humour.

Gérard THOMASSIAN (extrait de « L’Encyclopédie des BD de Petit Format », Tome IV, 1er Tome)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Ron Embleton

Ron Embleton fait partie de cette élite de dessinateurs anglais, comprenant des noms comme Don Lawrence, Ron Turner, Denis McLoughlin ou Frank Bellamy : à la fois auteurs de BD et peintres,  tous ces artistes maîtrisaient aussi bien le classique noir et blanc que la couleur directe.

Ronald Sydney Embleton est né à Londres le 6 octobre 1930. À dix-sept ans seulement, il réalise plusieurs fascicules présentés dans le style des « comic-books » américains pour un petit éditeur londonien, Scion Ltd : Gig Hit Comic, Big Boy Comic etc. À  son retour du service militaire, en 1950,  il forme un studio avec deux  dessinateurs : Terry Patrick (un ami d’enfance) et James Bleach.

Comme tous les dessinateurs de sa génération, il n’échappe pas aux éditions Amalgamated Press, qui le font travailler sur Kit Carson, d’abord dans l’hebdomadaire COMET puis dans COWBOY COMICS LIBRARY, une collection où il mettra en images deux autres westerns : Buck Jones et Lucky Lannagan. En 1952, il dessine The Black Dagger et Into Strange Lands pour l’hebdomadaire WONDER. À partir de 1953, il entame une collaboration à MICKEY MOUSE WEEKLY (Roger’s Rangers, Don o’the Drums, Strongbow the Mighty).

Dès 1956, il passe définitivement à la BD peinte  avec tout d’abord les aventures de Wulf the Briton, pour TV EXPRESS WEEKLY. Ce récit historique se déroule à l’époque romaine et  contient des scènes de batailles mémorables. Ron Embleton prend la suite du dessinateur italien Ruggero Giovannini. Anecdote : l’un des personnages s’appelle Greatorix ! Pour le même journal, il illustre Biggles, le fameux héros aviateur créé par le romancier W.E. Johns.

Ron Embleton se transforme alors en magicien du pinceau, livrant des illustrations pour EAGLE et LOOK AND LEARN, puis adaptant le feuilleton télé The Man From U.N.C.L.E. (Des agents très spéciaux)  ainsi que des séries créées par Gerry Anderson : Stingray, Captain Scarlet. Pendant quelques semaines, il va même remplacer Don lawrence sur sa série culte The Trigan Empire.

En 1973, il change totalement de registre pour collaborer à PENTHOUSE, sur une série satirico-érotique, aux superbes dessins : Oh, Wicked Wanda ! (1973-1980 : scénarios de Frederic Mullally). Dans le même style, toujours pour PENTHOUSE, il réalise ensuite Sweet Chastity  (1981-1988 : scénarios de  Bob Guccione). Il y met en scène des hommes politiques et des stars hollywoodiennes.

Ron Embleton est décédé le 13 février 1988. Il restera réputé pour le soin constant qu’il apporta à la moindre de ses illustrations. Son trait était doux, tout en rondeurs, en contraste total avec, par exemple, le style anguleux d’un Frank Bellamy, un autre maître de la BD britannique.

Note : Ron Embleton avait un frère, Gerry Embleton, excellent dessinateur lui aussi, mais à la carrière beaucoup plus discrète.

Bibliographie : voici les BD dessinées par Ron Embleton et disponibles en version française :

Into Strange Lands : WONDER 1718 (22.11.1952) à

Le Pays Mystérieux : APACHES  2 (7.1958)

Kit Carson : The Triumph of Roaring Buffalo : COWBOY COMICS LIBRARY 104 (7.1954)

Kit Carson contre les desesperados : BUCK JOHN 41 (1.6.1955)

Kit Carson Fights the Bandit King : COWBOY COMICS 137 (7.1955)

Kit Carson et le roi des hors-la-loi : KIT CARSON 2 (20.4.1956)

Kit Carson and the Fiery Horse : COWBOY COMICS LIBRARY 143 (9.1955)

Kit carson et le sauvage étalon : KIT CARSON 8 (20.7.1956)

Kit Carson and the Peace Treaty Plot : COWBOY COMICS LIBRARY 245 (1.1958)

Kit Carson : Le traité de paix : KIT CARSON 51 (5.5.1958)

Buck Jones : The Redskin Renegates : COWBOY COMICS LIBRARY 106 (8.1954)

Buck John et les Indiens renégats : BUCK JOHN 43 (1.7.1955)

Buck Jones Rides the Arizona Trail : COWBOY COMICS LIBRARY 109 (9.1954)

Buck John sur la piste de l’Arizona : BUCK JOHN 49 (1.10.1955)

Lucky Lannagan’s Mystery Trail : COWBOY COMICS LIBRARY 115 (11.1954)

Lucky lannagan sur la piste du mystère : BUCK JOHN 62 (15.4.1956) et 63 (1.5.1956)

Lucky Lannagan Squares a Debt : COWBOY COMICS LIBRARY 121 (1.1955)

Lucky Lannagan règle une dette : BUCK JOHN 66 (15.6.1956) et 67 (1.7.1956)

Lucky Lannagan’s Treasure Hunt : COWBOY COMICS LIBRARY 127 (3.1955)

Lucky Lannagan : La course au trésor : BUCK JOHN 71 (1.9.1956) et 72 (15.9.1956)

Strongbow the Mighty : MICKEY MOUSE WEEKLY (1954-57) puis ZIP du 4.1.1958 au 8.3.1959

Flèche d’Or : PIERROT 71 (6.3.1955) à 113 (25.12.1955) puis PIERROT CHAMPION 1 (1.1.1956) à 29 (15.7.1956) puis PIERROT mensuel 1 (8.1956) à 16 (11.1957)

Panther’s Moon : SUPER DETECTIVE LIBRARY 58 (7.1955)

Le secret de la panthère noire : BRONCO 42 (5.11.1968)

Wulf the Briton : TV EXPRESS WEEKLY 140 (25.5.1956) à 306 (10.9.1960)

Rock l’Invincible : HURRAH ! 287 (17.4.1959) à 293 (29.5.1959) puis L’INTRÉPIDE HURRAH ! 501 (3.6.1959) à 595 (1.4.1961)

Biggles : TV EXPRESS WEEKLY 306 (10.9.1960) à 331 (4.3.1961)

Biggles : RINTINTIN 28 (10.6.1962) à 34 (10.12.1962)

(Albums Miklo/Héritage T.1 – 2002 et T.2 – 2003)

Sweet Chastity : PENTHOUSE  Anglais 1981-88

Sweet Chastity : PENTOUSE Français

Snow White :  ONCE UPON A TIME

Blanche-Neige et les sept nains : IL ÉTAIT UNE FOIS 1 (14.11.1970) à 4 (5.12.1970) + couverture au n°2 (illustrations en couleurs directes avec texte sous image)

La Belle et la Bête : IL ÉTAIT UNE FOIS 9 (23.1.1971) à 12bis (20.3.1971) + couverture au n°9 (illustrations en couleurs directes avec texte sous image)

Gérard THOMASSIAN (extrait de « L’Encyclopédie des BD de Petit Format », Tome IV)