Antonio
De Vita (DEVI)
Chaotique destin que celui du dessinateur italien Antonio De Vita, connu
essentiellement sous sa signature Devi. Né le 26 avril 1923 à
Tropéa, en Calabre, il a une enfance et une adolescence pénibles.
La Calabre est une région pauvre, le pays tout entier connaît
des difficultés économiques, la famille de De Vita est divisée.
Antonio, pour subsister, acccepte un poste dinstituteur : entre
1943 et 1947, il sillonne les petits villages, voyageant à pied,
parfois la nuit, pour effectuer des remplacements. (1)
En avril 1947, il se rend à Milan pour tenter sa chance dans le
dessin, un domaine qui la attiré tout jeune. Il débute
une carrière timide aux éditions Alpe, commençant
par mettre en images Razzo Bill, un banal héros western comme il
en existait tant dans la bande dessinée italienne daprès-guerre.
On ne lui confie dailleurs que des tâches subalternes, comme
celle de compléter la collection Gaie Fantasie consacrée
aux histoires humoristiques de Pipo (Cucciolo). Cest ainsi que ses
superbes adaptations de contes vont se retrouver perdues à la fin
de ces fascicules et laisseront les exégètes italiens indifférents.
On y trouvait pourtant déjà les prémisses de son
art : un dessin dune extrême finesse, des décors baroques,
une atmosphère mystérieuse. Les traductions françaises
sont presque toutes parues en récits complémentaires à
la SAGE dans Le Petit Shériff.
La « chance » de De Vita sera la rencontre avec Marcel Navarro,
le directeur des éditions LUG. Une chance toute relative car, aux
six années de travail intense quelle va lui apporter, succèderont
quarante années doubli, on va voir pourquoi.
Le Chevalier dHarmental
En 1954, Navarro possède plusieurs idées de scénarios
et il recherche un dessinateur pour les illustrer. Il en fait part à
Leonello Martini, lun des responsables des éditions Alpe,
qui lui propose De Vita. Mieux inspiré que son confrère
italien, Navarro ne tarde pas à découvrir les étonnantes
qualités de cet auteur et à les exploiter. La première
réalisation de De Vita est fort bien enlevée mais reste
classique : il sagit de ladaptation dun roman de cape
et dépée dAlexandre Dumas : Le Chevalier dHarmental
(2). Visiblement, De Vita est à laise dans cette fresque
historique : duels pleins de panache, personnages très élégants
dans leurs atours dépoque soigneusement restitués.
Il se contente toutefois de suivre fidèlement Dumas.
La
Dame de Monsoreau
Il enchaîne avec La Dame de Monsoreau, toujours du Dumas, mais quil
présente sous un autre titre : LAigle de Clermont, surnom
du personnage principal, Bussy dAmboise (3). Laction du roman
se situe au XVIe siècle, au milieu des intrigues de la Cour de
France, et le récit relate la romantique et tragique histoire damour
entre la belle Diane de Méridor et Bussy dAmboise. Une lecture
parallèle avec la bande dessinée permet de constater quaprès
une entrée en matière strictement conforme à luvre
du romancier (4), De Vita sen écarte résolument, supprimant
des passages non essentiels au profit des combats et des rebondissements.
Dans une seconde époque intitulée Le Chevalier de la Vengeance
(5), Bussy dAmboise réapparaît mais masqué.
Diane est enlevée. Bussy se retrouve prisonnier dune étrange
reine sur une île inconnue (ép. 11 à 17), une digression
bien dans le style de De Vita qui aime mettre en scène des civilisations
inconnues et hors du temps. Il reprend ensuite le fil du récit.
La conclusion est lyrique: se méprenant, Bussy croit que Diane
le trompe et on le voit, cavalier solitaire, galoper désespérément
dans la nuit
La troisième partie, sous-titrée La Perle de Ahjndar, ne
paraîtra que trois années plus tard (6). Bussy aborde encore
sur une île mystérieuse où lattendent des aventures
épiques. Lauteur plonge une nouvelle fois son héros
au cur dun étrange royaume, dans lequel des clans saffrontent
pour la conquête du pouvoir : toujours fidèle à Diane,
Bussy repousse lamour de la princesse Saadia. Réduit en esclavage,
il participe à un tournoi. Vainqueur, il reçoit la perle
qui fait de lui le prince de Ahjndar
Le Cavalier sans nom, quatrième et dernier volet de la saga, sera
proposé seulement en 1977 ! En effet, les éditions LUG,
après avoir réédité les trois premières
parties dans le bimensuel Blek (n°277 à 315), en profitent
pour compléter enfin le cycle (7), non sans avoir curieusement
gardé toutes ces planches inédites pendant seize années
! Malheureusement, les couleurs très primaires de Blek nont
pas le charme de la bichromie des Pipo: de retour sur le sol français,
Bussy a perdu la mémoire et le Duc de Guise, qui convoite le trône,
en profite pour le manipuler. Mais tout finira bien !
Le
Petit Duc
LAigle
de Clermont est réalisé à raison de 24 planches par
mois, beaucoup dauteurs sen contenteraient, mais pas le prolifique
De Vita qui en rajoute 32 autres ! Car, durant cinq ans, il va mener de
front deux séries pour les éditions LUG : LAigle de
Clermont dans Pipo et Le Petit Duc dans Kiwi (8) : paru en bande complémentaire,
derrière le trappeur italien Blek le Roc, ce récit va captiver
toute une génération de lecteurs, transportés dans
un univers irréel, aux décors exhubérants et surdimensionnés.
Mirko, duc de Méloupin, est un jeune et frêle adolescent,
brutalement arraché à sa quiétude dans sa villa de
Turgel : son pays, la Maldovie (9) est envahi par la belliqueuse Mocranie.
Son vieux tuteur est abattu sous ses yeux et Mirko doit fuir précipitamment.
Cette entrée en matière est identique au prologue de Piccolo
Re, une bande dessinée italienne publiée par les éditions
Alpe en 1949, scénarisée par Leonello Martini. On est en
terrain connu, dautant que cest Marcel Navarro en personne
qui a traduit cette série en français (10). Léditeur
lyonnais na jamais caché cette filiation, il a donc fourni
à De Vita une trame de départ. Mais là où
Le Petit Roi senlise dans un scénario à leau
de rose devenu aujourdhui illisible, Le Petit Duc devient une flamboyante
épopée sous la plume magique de De Vita.
Prenant comme prétexte que Mirko veut retrouver son père,
disparu on ne sait ni où ni pourquoi, lauteur retire son
héros du cadre trop réducteur dune histoire de résistance
et le fait voyager dans des contrées lointaines et des mondes ignorés.
La quête de Mirko lentraîne aux Indes (ép.11
à 14) où il découvre sa sur Mina, puis dans
une cité souterraine futuriste (ép. 15 à 20), en
Afrique contre les hommes-léopards (ép. 21 à 23),
au Kanshi, mystérieux pays de légende dirigé par
une reine (ép. 24 à 33). Il entrevoit son père en
de rares occasions et toujours dans des circonstances précaires.
Le mystère sépaissit, il est impossible de saisir
la finalité de ces aventures aux rebondissements incessants. Le
lecteur, impuissant mais subjugué, est aspiré dans cet univers
indéfinissable quil ne peut décrypter.
De retour dans sa patrie, Mirko prend une part active à la résistance
et sa route croise celle du Justicier Masqué, le chef des rebelles,
qui nest autre que son père (ép. 34 à 43).
Des fantômatiques hommes encapuchonnés obéissent aux
ordres dun savant en cybernétique qui a construit un robot
géant (ép.44 à 50). Une dernière étape
conduit Mirko et Mina en Amérique du Sud, à la recherche
du trésor des Incas (ép. 51 à 64), avant lapothéose
de la libération de Maldoror (ép. 65).
Dernière planche du Petit Duc !
Pendant son périple, le Petit Duc sera confronté à
des ennemis intransigeants, placé dans des situations périlleuses,
mis en demeure de subir des épreuves surhumaines. Comment oublier
ce passage où il est enfermé dans le labyrinthe de la mort
? (ép. 31 et 32). Il se bat toujours vaillamment, compensant sa
faible corpulence par une agilité de félin, mettant à
profit tous les secrets de lart de la lutte enseignés par
son maître, le géant Stenka, usant dintelligence et
dastuce face à la tyrannie aveugle et à la force brutale.
Mais il sait également faire preuve de compassion ou de clémence
envers ses adversaires, et ses qualités morales sont à la
hauteur de son engagement physique.
Etalé sur plus de 2000 pages, Le Petit Duc possède un scénario
formidablement complexe et touffu, enchevêtrement presque surréaliste
de tous les thèmes imaginables exploités par les films et
les romans de série B.
Le graphisme, tout à la plume, est dune grande finesse, plus
proche de la gravure que de la bande dessinée. De Vita utilise
les contrastes de manière unique : ses grands aplats noirs imprègnent
en permanence le récit dune atmosphère onirique dont
on cherche en vain un équivalent chez dautres auteurs.
Avec ses ombres inquiétantes, ses décors baroques, ses personnages
aux regards perçants, écrasés par des architectures
disproportionnées et à la gestuelle amplifiée à
lextrême, Le Petit Duc symbolise le mystère et langoisse
à létat pur.
Le début du mystère Devi
Début 1961, la collaboration de De Vita aux éditions LUG
cesse brusquement, la conclusion du Petit Duc étant hâtivement
exécutée dans le Kiwi n°69 du 10 janvier 1961. Plus
aucune trace de la fameuse signature Devi dans les publications de léditeur
lyonnais sauf sous forme de réédition. Les petits lecteurs
de lépoque, fortement marqués par les images de cet
univers halluciné, grandissent mais noublient pas. Commence
alors une mythification sans précédent pour un auteur de
petit format (11).
Cest Jean-Pierre Dionnet qui brise la première lance dans
un article court mais évocateur sur Le Petit Duc paru dans Galaxie
n°102 (novembre 1972). Il y avoue ne rien connaître sur lauteur,
ce qui me suggère lidée décrire à
Marcel Navarro, qui a la gentillesse de me répondre aussitôt.
Il mapprend que Devi est italien et quil se nomme De Vita,
renseignements que jinclus immédiatement dans un article
sur Le petit Duc qui paraît dans le n°9 de Submarine, en 1973.
Jen transmets un exemplaire, accompagné dune copie
de la lettre de Marcel Navarro, à Dionnet, lequel rebondit et concocte
un nouvel article avec ces données dans Charlie Mensuel n°76
(mai 1975). Dionnet est dithyrambique : Devi est le « plus grand
méconnu de la BD » et Le Petit Duc est l « un
des rares chefs duvre authentiques de lhistoire de la
bande dessinée » !
Lannée suivante, Jacques Sadoul est le premier à citer
Le Petit Duc dans une encyclopédie sur la BD (Panorama de la Bande
Dessinée, éditions Jai Lu, mars 1976).
Vient la période où jalerte en vain tous les fans
italiens de BD, peine perdue, aucun na jamais entendu parler de
cet auteur, que certains confondent dailleurs avec Pier Lorenzo
De Vita, un dessinateur au style et à la carrière pourtant
bien distincts.
En 1980, les éditions Horus entreprennent une édition en
albums des séries de De Vita. Vont paraître deux volumes
du Petit Duc, deux Aigle de Clermont et un Harmental, le seul à
être intégral. Jécris une préface pour
laquelle Marcel Navarro me fournit par téléphone quelques
indications biographiques, malheureusement vagues.
En mars 1995, mon encyclopédie LUG des Petits Formats propose une
analyse du Petit Duc qui se termine par une interrogation prémonitoire
: « Né dans les années vingt, il (De Vita) est peut-être
encore en vie ».
En 1998, un passionné, Jean-Yves Guerre, crée un site internet
sur Mirko le Petit Duc. Il y rassemble un maximum de documentation, synthétisant
tout ce qui est connu. Mais les e-mails échangés avec les
spécialistes italiens napportent aucune lumière sur
De Vita qui reste toujours totalement méconnu dans son pays. Ce
site me paraît pourtant à lépoque la voie la
plus efficace pour retrouver de Vita ou lun de ses proches.
En 2000, les éditions SEMIC commencent une nouvelle réédition
du Petit Duc, faisant réintégrer ce héros en seconde
partie du mensuel Kiwi (n°540 du 10 avril 2000). Je signe lintroduction.
Dans le numéro suivant, jécris un article intitulé
La grande énigme du Petit Duc en y posant la question : «
Est-il toujours vivant ? Mystère. ». Comment imaginer que
la réponse va bientôt surgir ?
Le mystère Devi dévoilé
Cest le titre dun ouvrage de Jean-Yves Guerre, quil
a auto-publié en juillet 2002. Lorsquil me la remis
en mains propres, le vendredi 5 juillet, jai reçu un choc
émotionnel. Oui, Antonio De Vita est toujours en vie, en retraite
avec son épouse Vittoria, dans un village dItalie. Étonné
dapprendre quil est lobjet dun culte, quon
le réédite, quon lencense, convaincu que tout
le monde lavait oublié. Etonné quon le recherche,
lui qui ne sétait jamais caché.
Mais comment Jean-Yves Guerre la-t-il retrouvé ? Ce Sherlock
Holmes de la BD a écrit à tous les A. De Vita de lannuaire
italien ! Coïncidence extraordinaire, il reçoit en 2001 une
réponse dun certain Angelo De Vita qui affirme avoir connu
un Antonio De Vita habitant sur le même palier et oeuvrant dans
les « fumetti ». Chargé par Guerre de retrouver Antonio,
Angelo y parvient (et voilà pourquoi le bouquin de Guerre est dédié
à Angelo De Vita, sans lequel Devi, qui est sur liste rouge, serait
resté inaccessible !). Laspect le plus étonnant de
cette enquête, cest que de simples courriers ont réussi
là où Internet na rien donné !
Bien entendu, le mensuel Kiwi de la SEMIC sest fait lécho
de cette étonnante nouvelle : le n°568 daoût 2002
annonçait en couverture : Devi, lauteur du Petit Duc, retrouvé.
Quant au n°570, deux mois plus tard, il affichait une couverture inédite
signée Devi et dessinée en 2002 ! Et Thierry Mornet, rédacteur
en chef, nous en promet dautres
La
version italienne du Petit Duc
Dans les archives de De Vita, Jean-Yves Guerre a découvert, découpées,
les pages dune version italienne du Petit Duc, rebaptisé
Robin. Conçue directement pour les éditions LUG, la série
a donc bénéficié dune traduction chez Alpe
où elle est parue en bande complémentaire dans le mensuel
Trapper John (12), mais démarrant seulement à lépisode
7 et avec un début dhistoire différent pour lequel
De Vita a dessiné quatre planches inédites. Trapper John
nayant vécu que 10 numéros de 1959 à 1960,
Robin sest certainement interrompu à ce moment-là.
De Vita et le cinéma
De Vita fournit des indications techniques sur sa méthode, avouant
quil travaillait très vite, effectuant un épisode
complet du Petit Duc, soit 32 planches, en dix jours seulement ! Cela
lui laissait du temps pour aller au cinéma et lon comprend
mieux les nombreuses références cinématographiques
qui émaillent son uvre.
Ainsi, certaines séquences de lAigle de Clermont sont très
proches des duels à lépée livrés par
Gene Kelly, dArtagnan bondissant dans Les Trois Mousquetaires de
George Sydney (1948) : voir notamment le moment où dArtagnan
passe par les toîts pour ramener les ferrets à la reine.
Quant à Bussy, au début, il a les traits de lacteur
Jean Marais.
Louverture dun épisode du Petit Duc (ép. 33)
sinspire de LAigle du Désert, film daventures
de Frederick de Cordova (1950), véritable conte des mille et une
nuits. La majeure partie de lépisode 44, sans aucun lien
avec laction du moment, fait référence à un
grand classique italien : La Strada (1954).
Quant à Dionnet, il établit un parallèle entre lunivers
de Devi et un film de Roy Rowland assez curieux : Les cinq mille doigts
du Docteur T. (1953), dans lequel un petit enfant rêve quil
est prisonnier dun tyran qui loblige à jouer avec 499
autres enfants sur un clavier gigantesque.
La coupure de 1961
Pourquoi De Vita a-t-il brutalement cessé toute collaboration avec
les éditions LUG en 1961 ? Selon la version de Marcel Navarro,
De Vita aurait disparu sans laisser dadresse. On apprend dans louvrage
de Guerre quil existait un contrat entre LUG et les éditions
italiennes Alpe (contrat dont De Vita neut connaissance que plus
tard) : en employant De Vita, LUG devait, tout en le rémunérant,
régler une commission à Alpe. Pour éviter ces frais
supplémentaires, léditeur lyonnais chercha à
sapproprier lexclusivité de son travail et lui demanda
de venir sinstaller en France. De Vita raconte que, peu désireux
de quitter son père malade, il refusa et LUG le somma alors de
mettre un terme à ses séries en cours, doù
lexplication de la fin frustrante du Petit Duc , condensée
en quelques pages.
Ainsi, laspect financier serait lunique motif de cette rupture
? Le lecteur ne peut quêtre déçu par cette révélation.
De Vita clame que lui souhaitait poursuivre Le Petit Duc et LAigle
de Clermont. Quel gâchis !
De Vita après 1961
En même temps quil travaillait pour LUG, De Vita fournissait
quelques bandes à Alpe, et voilà que ces deux portes se
referment. En 1963, il participe à Maschera Nera, un western de
seconde catégorie des éditions Corno, dont un épisode
est traduit en France dans Bengali n°23 sous le nom du Justicier Masqué.
Puis, jusquen 1977, il illustre une encyclopédie chez Fenu,
pour laquelle il livre de superbes dessins en couleurs. Entre-temps, il
sest marié en 1965. En 1966, il écrit à LUG
sans même obtenir de réponse ! (Marcel Navarro ma dit
ne pas se souvenir davoir reçu ce courrier). Il tombe malade
et doit abandonner le dessin. Pour subsister, il est contraint de travailler
en usine, jusquen 1988 où il prend sa retraite.
Nest-il pas aberrant quun artiste de cette trempe ait été
employé dans une usine ?
Notes :
1. Les éléments biographiques de cet article proviennent
de louvrage de Jean-Yves Guerre Le mystère Devi dévoilé..
2. Pipo du n°44 (20.12.1954) au n°56 (5.6.1955) sauf au
n°51 soit 12 épisodes de 12 planches. Réédité
dans Ombrax du n°100 au n°110.
3. Pipo du n°57 (20.6.1955) au n°75 (5.2.1956) sauf aux
n°58, 63, 71 soit 16 épisodes de 12 planches. Réédité
dans Blek du n°277 au n°292.
4. Les dix-huit premières planches de De Vita adaptent les trois
premiers chapitres du roman de Dumas. Les épisodes 9 et 10 adaptent
partiellement et librement les chapitres 12 à 14 etc
5. Pipo du n°76 (20.2.1956) au n°100 (20.12.1956) sauf
aux n°79, 86, 90, 99 soit 21 épisodes de 12 planches.
Réédité dans Blek du n°293 au n°307.
6. Pipo du n°178 (5.10.1959) au n°193 (20.5.1960) soit 16 épisodes
de 12 planches. Réédité dans Blek du n°308 au
n°315.
7. Blek du n°316 (5.4.1977) au n°328 (5.4.1978) soit 26 épisodes
de 12 planches.
8. Kiwi du n°1 (10.9.1955) au n°69 (10.1.1961) sauf aux
n°41, 45, 49, 52 soit 65 épisodes de 32 planches. Réédité
dans Blek du n°135 au n°276. En cours de réédition
dans Kiwi depuis le n°540 (10.4.2000).
9. Afin déviter tout amalgame avec la Moldavie, une république
dEurope de lEst, les éditions LUG transformeront ce
nom en Maldoror, un changement qui aura lavantage supplémentaire
de faire référence à Lautréamont. La Maldovie
apparaît dans les pages publicitaires pour le lancement de Kiwi,
pages insérées dans les autres publications de la maison,
puis revient de temps à autre, oubliée par le correcteur.
10. Le Petit Roi est paru aux éditions Aventures et Voyages (dont
Marcel Navarro était à lépoque lun des
dirigeants !) dans Brik Yak et a été réédité
en petit format dans Diavolo.
11. Dans un autre registre, le dessinateur Vica fut longtemps, lui aussi,
lobjet dun mystère tenace.
12. Le personnage de Trapper John est une copie de Blek réalisée
pour les éditions LUG et publiée dans Nevada du n°1
au n°90. Traduit en Italie par Alpe, Trapper John a été
le titre dun mensuel qui vécut 10 numéros en 1959-60.
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pour voir le magnifique travail de DEVI (200 ko env)
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DENIS McLOUGHLIN
Toute
une génération de dessinateurs britanniques est en train
de disparaître dans lindifférence quasi générale
(qui a parlé du décès de Ron Turner, lun des
maîtres absolus de lillustration de S.F., survenu en 1998
?). Denis McLoughlin était aussi une grande figure de cette école
anglaise de dessinateurs réalistes dont la carrière se mit
en place dès limmédiat après-guerre et qui
oeuvrèrent durant des décennies dans lanonymat le
plus complet, les journaux anglais de BD répugnant à imprimer
les noms des auteurs. Malgré son âge avancé (il était
né le 15 avril 1918), Denis McLoughlin était encore en activité,
produisant des récits de guerre pour COMMANDO, un petit format
de la DC Thomson qui a dépassé les 3000 numéros en
1996, lorsque la mort le surprit le 22 avril 2002, quelques jours après
son quatre-vingt quatrième anniversaire.
Après avoir arrêté ses études à quatorze
ans pour entrer dans une école dart à Manchester,
il commence à travailler dès 1934 (catalogues, illustrations,
couvertures). Mais cest véritablement en 1945 que sa carrière
prend tournure, lorsquil est engagé par Boardman, un éditeur
londonien qui importait du matériel des Etats-Unis. Pendant plus
de vingt ans, McLoughlin illustre des centaines de couvertures pour la
version britannique des romans noirs américains (notamment tous
les Fredric Brown) et des comic-books. Il crée également
deux héros en BD : « Roy Carson Special Agent » (1948-1954),
un policier « hard-boiled » et « Swift Morgan »
(1948-1953), un héros de science-fiction qui traverse le temps
et lespace à la rencontre danciennes civilisations.
Il devient lillustrateur attitré des BUFFALO BILL ANNUAL
(1949-1961), volumes cartonnés bourrés de superbes et chatoyants
dessins aux détails minutieux, très soignés, dont
il assure lintégralité du contenu, chacun lui demandant
six mois de labeur ! (Je navais pas résisté au plaisir
den publier un récit en six planches « The Dime Novel
King », relatant la vie du créateur de Buffalo Bill, dans
le fanzine LE PETIT DETECTIVE).
Quand Boardman cesse ses activités, en 1967, McLoughlin se tourne
vers Amalgamated Press (Fleetway). Son premier héros est «
Saber King of the Jungle », un tarzanide blond créé
par Joe Colquhoun (ép. 1) pour lhebdomadaire TIGER (1967-1969).
Il en prend le relais avec brio (ép. 2 à 10), introduisant
notamment des scènes spectaculaires avec des animaux préhistoriques.
Rebaptisé en France « Yataca », le personnage est publié
dans le mensuel éponyme des éditions Aventures et Voyages,
du n°22 au n°30. Avec « Furys Family » (THUNDER
puis LION, 1970-1971), il met en images un jeune garçon qui connaît
le langage des animaux, sur un scénario de Angus Allan. La version
française est parue dans YATACA du n°58 au n°74 sous le
titre « La Famille de Nohey ».
Pendant deux ans, McLoughlin sinvestit dans une encyclopédie
du western : « Encyclopedia of the Wild West » , Doubleday,
1973. En 1974, il commence à travailler pour la DC Thomson, fameux
éditeur installé en Ecosse, auquel il restera fidèle,
livrant diverses séries daventures aux nombreux hebdomadaires
de la maison : WIZARD, VICTOR, BUDDY, BULLET
Certaines ont été
traduites en France :
- « Wolf Boy » (dans WIZARD en 1977) est une très belle
saga viking se déroulant dans des paysages enneigés (BUFFALO
BILL du n°19 au n°21, éditions Jeunesse et Vacances).
- Dans « Terror in the Tall Tower » (WIZARD 1974-1975), un
jeune anglais hérite dun gratte-ciel de Manhattan dont les
profondeurs, truffées de passages souterrains, cachent une effrayante
pieuvre géante. Ambiance garantie. (LA MAISON DU MYSTERE n°2,
réédité au n°15, éditions Arédit).
- Laction de « The Green Lizard » (WIZARD 1977) se passe
sur une île inconnue où vivent des hommes-poissons au milieu
de bêtes impressionnantes. Remarquables dessins (KING COBRA n°11,
éditions Arédit)
Toutes ces adaptations, en petit format, avec des planches réduites
et remontées, ne donnent quun faible aperçu du talent
de McLoughlin.
A partir de 1982, les éditeurs anglais de BD ne publient presque
plus rien et, vu létroitesse du marché, Denis McLoughlin
est contraint de se rabattre sur la collection COMMANDO PICTURE LIBRARY,
récits complets de guerre en 64 planches dont il fournira environ
160 numéros pendant vingt ans.
A linstar dun Ron Turner, Denis McLoughlin maîtrisait
aussi bien la couleur que le noir et blanc. Soucieux de la précision
et du détail, il remplissait chacune de ses cases au maximum, utilisant
une grande densité de hachures, ce qui conférait à
ses planches un rendu final assez étonnant et très caractéristique.
Son dessin ciselé est aisément identifiable et a conquis
de nombreux fans.
Gérard THOMASSIAN
Bibliographie :
- The Hardboiled Art of D. McLoughlin, 1994, par David Ashford.
- On pourra aussi consulter le site internet consacré à
luvre de Denis McLoughlin et récemment implanté
par un admirateur américain, Matthew Gore.
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