Fantasmak, la boutique des petits formats et des planches originales !

Mise à jour du 8 septembre 2024

     

 

 

 

 

 

   
         
         
             
             

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

PEPITO

Le premier épisode de Pepito paraît aux éditions milanaises Alpe en avril 1952, dans la revue Cucciolo (Cucciolo est la version originale de Pipo), alors que son auteur, Luciano Bottaro, n'est âgé que de 21 ans - et en est déjà à son troisième corsaire ! Les deux précédents, Aroldo et Tim, ont servi de banc d'essai à ce jeune prodige de la bande dessinée (des Tim ont été traduits dans Tex n°6 à 9, 13 à 16 et Supplément à Pipo n°3). En Italie, le petit corsaire ne recueille pas vraiment les suffrages, navigant en bande complémentaire d'un titre à un autre. Le pocket qui lui est consacré ne dure que 18 mois (juillet 1955 à décembre 1956). L'éditeur italien a sans doute le tort de ne pas insister… Pepito réussira beaucoup mieux en France. Si l'on excepte son premier passage, totalement inaperçu, en seconde partie de Tex n°10 et 11 en 1953 aux Éditions LUG, c'est la S.A.G.É. (Société Anonyme Générale d'Éditions) qui va être l'artisan de ce succès. Au début simple traductrice du matériel italien, la maison de la rue du 4-Septembre, dirigée par Bernard Trout, va racheter les droits du personnage et l'éditer pour son propre compte avec une réussite spectaculaire. Après avoir été annoncé par une feuille publicitaire glissée dans les publications du moi, Pepito n°1 paraît en juin 1954. Paradoxalement, aucune trace de son créateur, Bottaro, dans ce premier numéro : ni la couverture, exécutée par Raffaële Marcello, ni l'intérieur, dû à Carlo Cossio. En effet, effectuant son service militaire, Bottaro s'est fait momentanément remplacer par l'auteur d'Alain la Foudre et la S.A.G.É. n'a pas respecté l'ordre chronologique. Ce n°1 présente Pepito par le biais d'une fiche signalétique : issu d'une honnête famille de boucaniers, ses premiers mots furent "À l'abordage !". Mais écrasé par les impôts exigés par le gouverneur de Las Ananas, son pauvre père fit faillite. Il confia le bébé à Ventempoupe et Crochette puis disparut. Vendant les trophées de famille, Pepito va acheter un navire, "La Cacahuète", et combattre le gouverneur tyran Hernandez de La Banane. C'est le Pepito n°2 qui publie en fait le tout premier épisode Pepito contre La Banane. Ce nouveau héros est bien accueilli par les lecteurs et, dès 1955, la S.A.G.É. va le promouvoir : ainsi, Pepito fait la une de couverture de Héroïc n°135 (27 octobre 1955) avec en pages intérieures un récit complet. Quant au petit format, il devient bimensuel au n°11 ; puis, à partir de janvier 1955, lui sont adjoints des suppléments hors série en grand format, non numérotés. Cette collection se mue en Pepito Magazine, un trimestriel à la conception soignée qui permet à Bottaro de mieux s'exprimer. Avec l'agrandissement, ses planches s'enrichissent, des îles luxuriantes apparaissent, parfois chargées d'architectures baroques, et d'étranges machines, comme le poulpe à vapeur, surgissent de l'océan. Bottaro écrit lui-même les scénarios de tous ces formats "géants" et Pepito dépasse largement le cadre des kiosques pour accéder à la notoriété. À preuve, les Éditions Futuropolis l'éditent en album en 1982 et des reprises ont lieu dans Pif-Gadget. D'ailleurs, Pepito devient international, traduit dans de nombreux pays, soutenu par divers produits dérivés : latex, masque, porte-clés, disque, lampe… Le monde de Pepito est peuplé d'une galerie multiple de personnages savoureux, qu'il est impossible de recenser en détail ici. Sur "La Cacahuète", il y a, aux côtés des fidèles Ventempoupe et Crochette, le perroquet bavard Bec de Fer, que Pepito a dégotté sur une île (Pepito n°7). Brisefer, le terrible pirate, surgit dès le n°12. Mais l'ennemi irréductible, c'est La Banane, le gouverneur de Las Ananas, qui accable la population d'impôts. Il ne vit que pour entasser des doublons ! Contre sa tyrannie et son despotisme, Pepito utilise l'astuce et l'humour. Et malgré les délirantes inventions du Professeur Scartoff, un savant à son service, La Banane est constamment ridiculisé. Pourtant, "Sa Ventripotence", comme on le surnomme, parvient à rester très attachante. C'est parce qu'il n°y a nulle trace de méchanceté dans l'univers de Bottaro. Drôles, gentilles, poétiques, les histoires de Pepito ont conservé toute la fraîcheur du grand large. Luciano Bottaro aurait pu s'enfermer, comme beaucoup d'auteurs de bandes dessinées, dans un seul personnage. Au contraire, il a su mener, parallèlement à Pepito, une carrière féconde. Son œuvre est une suite ininterrompue de créations originales : Baldo : une parodie de la police montée canadienne, que la S.A.G.É. publia dans divers titres. Pon-Pon : ce petit monde préfigurant les Schtroumpfs fut imaginé dès 1954 et devint ensuite l'une des séries phares de l'hebdomadaire Il Giornalino. Sa popularité fut immense en Italie. Whisky et Gogo, un ours alcoolique et un petit trappeur., ont été les héros d'un trimestriel de la S.A.G.E. en août 1970 (5 numéros). Pik et Pok, deux petites souris toujours en quête de fromage, ont grignoté dans diverses publications de la S.F.P.I. Oscar est un éléphant policier que les Éditions Artima dispersèrent dans divers pockets comiques. Non seulement cette liste est très partielle, mais Bottaro s'est permis en plus le luxe de travailler pour "Disney Italie" et ses histoires de Donald sont considérées par tous les exégètes comme des chefs-d'oeuvre. Depuis quelques années, Bottaro a inauguré un style plus abstrait, très onirique, n'hésitant pas à s'engager dans des recherches graphiques stupéfiantes. Et cet auteur doué est également un homme exquis que l'on a toujours plaisir à rencontrer lors de ses trop rares venues à Paris.

 

Pepito en France
Les petits formats S.A.G.É.
1re série 249 numéros (juin 1954 à février 1965)
2e série 28 numéros (mars 1965 à avril 1966)
3e série 12 numéros (juillet 1973 à décembre 1976)

Les grands formats S.A.G.É. : Suppléments hors série : 6 numéros (janvier 1955 à juin 1957)
1re série 17 numéros (juillet 1957 à décembre 1961)
2e série 28 numéros (décembre 1961 à mai 1966)
3e
série 43 numéros (mai 1966 à octobre 1972).

Les albums S.A.G.É.
Coups de tête… et coups de canons (juillet 1974)
Le Trésor de Pepito (11, trimestre 1975)
L'île aux singes + Les Pygmées rouges (31 trimestre 1979)
Le Trésor des Biftèques (1*1 trimestre 1983)

Albums divers :
Pepito : 9 histoires palpitantes, Futuropolis, mars 1982
Pepito : supplément à Haga n°50, mai 1982
Pepito, Éditions du Château ; 5 numéros (mars 1987 à décembre 1987)

Biblio française :
Haga n°39 (été 1979) : interview de Bottaro par Jean-Paul Tibéri.
Album Futuropolis (mars 1982) : préface par François Corteggiani
Circus n°95 (mars 1986) : Casier judiciaire par Estéban
À l'aise n°12 (21 trimestre 1986) : interview de Bottaro par Marc-André
Les Cahiers de la BD n°83 (décembre 1988) : Un Cyclone nommé Bottaro par Harry Morgan. Remarquable et très complet
Hop ! n°57 (2e trimestre 1993) : Bottaro par. François Hue + l'histoire Le Cauchemar de Ventempoupe
Le Gentlernan de la nuit n°3 (septembre 1993) : Dossier Bottaro par Manuel Hirtz.

G.T. Pour en voir et savoir plus sur Pepito, allez sur le magnifique site de Roland Jouve

http://pagesperso-orange.fr/pepitopbdformat/pages/pepitobdformatpag.html

 

 
   

BLEK LE ROC

Amérique du Nord, 1774. Un géant aux longs cheveux blonds parcourt silencieusement la forêt. Il porte une veste de fourrure qui dévoile une musculature impressionnante. Il s'appelle Blek le Roc, c'est un trappeur américain et il combat l'oppresseur anglais, c'est-à-dire les tuniques rouges. Accompagné par le jeune Roddy et le génial professeur Occultis, deux faire-valoir qui apportent une note comique aux histoires, il vit dans la forêt avec ses trappeurs mais ses missions, souvent commandées par l'avocat Maître Connolly, le chef de la résistance, l'entraînent un peu partout (et même dans une civilisation viking. Kiwi n°7 à 11, Le Trésor dAkbad). Scénarios et dessins peuvent paraître simplistes aux yeux de certains, néanmoins Blek fit rêver plusieurs générations de lecteurs, qui se souviennent avec nostalgie de quelques histoires marquantes. Laissons-nous aller à évoquer la Chauve-Souris, cet espion anglais insaisissable et cagoulé qui meurt en gardant son secret ; la lutte contre les terribles hommes-lynx (inspirée d'un film où Gary Cooper tenait le rôle principal) ; Peter Van Peter le Hollandais fantôme sorti de sa tombe pour soulever les tribus indiennes ; le capitaine Savage, l'une des meilleures lames d'Amérique qui provoque Blek en duel en lui tendant un piège… Idéaliste, prêt à se sacrifier pour la cause de la liberté, Blek le Roc incarna un modèle de loyauté et de générosité qui ne pouvait que susciter l'admiration inconditionnelle de ses lecteurs. On pourra d'ailleurs comparer, et opposer, l'humanisme du chef des trappeurs, évitant toute violence inutile, capable de pardonner à ses ennemis, et l'impitoyable Tex Willer, prêt àsaisir le moindre prétexte pour rosser un adversaire. Mais il est vrai que les tranches d'âges visées n°étaient pas les mêmes. Ni l'idéologie. Blek a eu le mérite de précéder la mode des trappeurs consécutive aux téléfilms de Davy Crockett produits par Walt Disney en 1955. C'est plutôt dans les romans de Fenimore Cooper et Zane Grey que les auteurs ont puisé leur inspiration.

Les créateurs :
Paru, comme la plupart des bandes dessinées italiennes d'aventures de cette période, sous forme de "strisce", Il Grande Blek, né le 3 octobre 1954, est l'oeuvre d'un studio formé par trois dessinateurs originaires de Turin qui se servaient de leurs initiales pour signer du sigle Esse-G-Esse Giovanni Sinchetto (1925-1991), Dario Guzzon (1926) et Pietro Sartoris (1926-1989). Leur association prit naissance avec Kinowa en 1950, un western écrit par Andrea Lavezzolo. L'année suivante, ils réalisent Miki. Flanqué de deux compères, Double-Rhum et Saignée, ce capitaine des rangers rétablit l'ordre dans le Nevada. Mais une mésentente avec leur éditeur, Dardo, les contraint à abandonner Miki et Blek aux mains d'une nouvelle équipe d'auteurs qui ne parviendront jamais à retrouver l'esprit de ces bandes. Sinchetto et ses deux complices se consacrent alors à Alan Mistero (Ombrax), un justicier maître du déguisement, et au Comandante Mark (Cap'tain Swing).

Blek en France : C'est le 10 septembre 1955 que les Éditions LUG traduisent Blek (sous le titre générique Le Petit Trappeur, privilégiant ainsi, curieusement, Roddy) dans Kiwi, un pocket mensuel appelé à connaître un vaste succès. Chaque numéro de Kiwi adaptait quatre "strisce" hebdomadaires. Vu la différence de format, les couvertures italiennes ne convenaient pas. Celles de Kiwi étaient donc un travail spécifique pour l'éditeur lyonnais. Il fut confié à un excellent graphiste récemment disparu, l'Italien Antonio Canale (sans doute plus connu sous le nom de Tony Chan, pseudonyme qu'il employait pour signer Amok). Canale, auteur des 51 premières couvertures, a su valoriser les personnages du studio Esse-G-Esse. Les planches de Esse-G-Esse sont parues dans Kiwi du n°1 au n°137. À partir du n°178 de Kiwi, le personnage ayant cessé de paraître en Italie, les Éditions LUG le poursuivent en épisodes inédits. Ils sont réalisés majoritairement par le prolifique Carlo Cedroni, mais certains dessinateurs français s'attaquent au célèbre trappeur :
- André Amouriq a dessiné 47 récits, dans un style sans doute trop caricatural.
- Jean-Yves Mitton a fourni 22 récits à travers lesquels, avec l'aide de son scénariste et complice Marcel Navarro, il a su parer Blek d'une dimension épique.
- Le jeune et talentueux Ciro Tota est l'auteur de six récits à ne pas manquer.
Il y eut aussi dans Kiwi une version yougoslave, peu convaincante.
Actuellement, Blek paraît toujours mais uniquement sous forme de rééditions, dans deux pockets mensuels : Kiwi et Blek.

Biblio française Zoulou n°7 (octobre 1984) : Blek le Roc a 30 ans, par Estéban. En complément de cet article, la première inter- view jamais réalisée du studio Esse-G-Esse, par Mourad Boudjellal (le même Boudjellal prépare, pour ses Éditions Soleil, une intégrale de Blek en albums, à paraître en jan- vier 1994).

Nota. Signalons que la série d'Antonio De Vita, L'Aigle de Clermont, évoquée dans la première partie de cette étude (CBD n°72, p. 34), a paru dans Pipo à partir du n°57 (juin 1955), rééditée et complétée dans Blek 277 à 328.

G. T.

 
   

PIPO

Pipo (Cucciolo) et Concombre (Beppe) ont été créés par Rino Anzi en 1940, sur un moule disneyen. Quelques épisodes sont passés à la S.A.G.E. sous le nom de Muche et Toto. Repris par Giorgo Rebuffi, ils se métamorphosent et gagnent en originalité. L'humour en est parfois surréaliste les personnages sortent de leurs cases pour s'expliquer avec leur dessinateur. Un épisode est en 3D (Pipo 28) ; dans un autre, Pipo et Concombre rencontrent un peuple extraterrestre algébrique dont les habitants s'expriment par formules mathématiques (Pipo 15). De plus, Rebuffi a inventé toute une galerie de personnages secondaires délirants : dans Pipo n°4 naît Elastoc (Tiramolla), fils du caoutchouc et de la colle, issu d'une expérience de chimie ratée par Concombre (le scénariste de ce récit est Roberto Renzi, le même qu'Akim, qui se défoulait peut-être ici). Le cousin Jonas (Giona), qui porte la guigne, apparaît au n° 30. Fantasmak, l'homme aux cent visages, l'ennemi insaisissable (mais existe-t-il vraiment ou est-ce un fantasme ?) tente de supplanter Bombarde, le méchant "classique" dès le n°41. Au n°105, débarque l'insupportable cousine Concombrette (Peppa), flanquée de Koko, un kangourou domestique qui s'exprime par des pancartes… Les principaux dessinateurs de Pipo sont Giorgo Rebuffi et Umberto Manfrin (Manberto), la plupart des scénarios sont R. Renzi. Paru dans Pipo à partir du n° 1 (septembre 1952) puis dans Pim Pam Poum Pipo et Spécial Pim Pam Poum Pipo, trois publications de Lug.

G. T.

 
   

LE PETIT DUC

Conçue au départ comme une histoire de Résistance, le Petit Duc Mirko plonge rapidement dans le merveilleux : civilisations disparues ou chronologiquement décalées, science-fiction pure, architectures et décors démesurés ; le dessin, baroque et contrasté, renforce le caractère onirique de cette bande-culte. Il faut féliciter le directeur des Éditions Lug, Marcel Navarro, d'avoir engagé le dessinateur italien Antonio De Vita (il signait Devi) qui végétait aux Éditions Alpe, à Milan. Navarro lui proposa un synopsis des premiers épisodes, lointainement inspiré du Petit Roi de Lina Buffolente (bande traduite dans Brik Yak) et que Devi extrapola avec génie. Paru dans Kiwi à partir du numéro 1 (septembre 1955) jusqu'au n°69. Réédité dans Blek (n°135 à 276). S'inspirant au départ du roman d'Alexandre Dumas, La Dame de Monsoreau, l'Italien Antonio De Vita réalise en bande complémentaire pour Pipo, un somptueux récit de cape et d'épée. Mais peu à peu le scénario dévie (!) du modèle original, entraînant le héros dans d'étranges contrées intemporelles comme seul l'auteur du Petit Duc savait en imaginer.

G. T.

Voir aussi : http://perso.wanadoo.fr/guerre/mirko.htm

 
   

AKIM

Le comte Rank périt noyé dans un naufrage, tandis que sa femme Lidia et son bébé échouent sur une île inconnue. Trois mois plus tard, Lidia meurt, tuée par une panthère, et le petit Jim est recueilli et élevé par des gorilles. Seize années s'écoulent, un homme blanc vit dans les arbres en compagnie des singes : il s'appelle Akim (en hommage au Kim de Rudyard Kipling) et connaît le langage des animaux. Le cousin Stéphane Rank et sa fiancée Rita débarquent sur l'île. Sauvée par Akim, Rita lui révèle qu'il est l'unique héritier de la fortune des Rank. Après l'échec de Stéphane dans ses tentatives d'éliminer son rival, Akim et Rita décident de rester ensemble dans la jungle. Ils y vivront côte à côte 36 ans sans se marier, un scandale qu'il n'est que temps de dévoiler ! Avec le gorille Kar, la guenon farceuse Zig, l'éléphant Baroi, le lion Rag et plus tard (Akim 17) leur fils adoptif Jim, ils vont vivre des aventures spectaculaires où défilera toute la panoplie de la littérature populaire : civilisations disparues, monstres, savants fous… Rien d'original dans toute cette mythologie, déjà inventée par Burroughs. Et pourtant, quel succès ! Les jeunes lecteurs de l'époque ont visiblement apprécié le charme naïf des thèmes. Mais surtout, ils ont été captivés par un élément merveilleux : les animaux qui parlent ! Akim, c'est Tarzan revu et corrigé façon contes de fées. Les auteurs de cette bande sont les scénaristes Roberto Renzi (quel souffle !) et le dessinateur Augusto Pedrazza dont le trait, un peu malhabile au début, a vite gagné en souplesse. À peine aidé, sur la fin, par un encreur (Segna Pini), Pedrazza a produit un travail colossal (plusieurs dizaines de milliers de planches). Et il a pourtant trouvé le temps-de dessiner les premiers épisodes de Zembla.

Akim en Italie :
Akim apparaît le 10 février 1950 sous forme de C strisce E` aux Editions Tomasina. Il s'arrête le 31 mars 1967. En juin 1976, une résurrection a lieu aux Éditions Bonelli et on y découvre une autre version de l'enfance d'Akim ! Le personnage disparaît définitivement eu juillet 1983.

Akim en France :
C'est seulement en septembre 1958 que les Éditions Aventures et Voyages décident de traduire Akim. De mensuel (jusqu'au n°21), le titre devient bimensuel et constitue dès lors la meilleure vente de la maison. En 1967, quand le matériel original cesse, madame Ratier fait poursuivre Akim, de sorte que, pendant 20 ans, Renzi et Pedrazza travaillent directement pour la France. En 1986, il y a un changement de direction et le contrat est rompu. Akim continue en réédition, jusqu'en février 1991 (n°756 et dernier). C'est le record absolu pour un petit format.

Akim est aussi paru dans le trimestriel Bengali (juillet 1959) et il y a eu une réédition en couleurs dans Akim color (133 numéros de décembre 1967 à février 1979).

G. T. <-- La "naissance" d'Akim. Planche inédite en France. Cliquez… 

 
   
   
   
   

TEX WILLER

C'est le 30 septembre 1948 que naît Tex. Avec Le Petit Shériff (Il Piccolo Sceriffo, 30 juin 1948), c'est l'une des premières productions italiennes réalisées sous forme de "Strisce". Lorsqu'ils créent Tex, ses deux auteurs ont déjà une carrière bien remplie dans la bande dessinée :
- Gian Luigi Bonelli, le scénariste, né en 1908, a écrit un grand nombre de scénarios dans les années trente et quarante, illustrés par les meilleurs artistes italiens de l'époque : Caesar, Albertarelli, Molino, Canale, Paparella…
- Le dessinateur Aurelio Galleppini, est né en 1917. Il débute dès 1936 et sa signature, Galep, figure à partir de 1940 dans des journaux comme Topolino et L'Avventuroso et dans des récits complets comme Albi dell'Intrepido. Une partie de son travail a été traduite en français (dans Robinson, Spirou, Zorro…). Les Sélections Prouesses le francisèrent en G. Aurèle !

En 1948, Bonelli et Galleppini créent simultanément deux héros destinés à lancer une nouvelle maison sur le marché italien (éditions Audace, ancêtre des actuelles éditions Sergio Bonelli) : le premier de ces héros, Occhio Cupo, est un corsaire masqué dans la lignée des films avec Errol Flynn. Il est superbement mis en images par Galleppini, qui consacre une journée complète à chaque planche. Le second, bâclé le soir et une partie de la nuit, est un cow-boy modelé sur Gary Cooper : il doit s'appeler Tex Killer mais au dernier moment son nom est transformé en Willer afin d'éviter tout ennui avec la censure. Au bout de quelques mois, la cause est entendue : Occhio Cupo s'arrête car Tex Willer se vend beaucoup mieux ! Et 45 ans plus tard, son succès ne s'est pas démenti.

Les premières histoires sont banales. Tex est présenté comme une sorte de justicier solitaire tirant sur tout ce qui bouge. Mais rapidement, le récit s'étoffe : dans un premier temps, Tex devient ranger, faisant ainsi la connaissance de Kit Carson. Puis, capturé par les Indiens, il est sauvé du poteau de torture par Lilith, la fille du chef Il l'épouse (cet épisode est relaté dans Spécial Rodéo n°5 et repris dans une nouvelle traduction dans Rodéo n°274 à 277 puis dans Mustang n°154 à 156). à la mort du père de Lilith, il deviendra le chef des Navajos sous le nom d'Aigle de la Nuit. Le scénariste va alors pouvoir varier les thèmes en jouant sur la double fonction ranger/chef indien. Lilith meurt, dans des circonstances dramatiques qui seront expliquées plus tard (épisode paru dans Rodéo 226 à 229 et réédité dans Mustang 107 à 110), mais lui laisse un fils, Kit.

Le célèbre quatuor est alors constitué : Tex Willer, la quarantaine immuable, son fils Kit rapidement devenu adolescent, Tiger jack l'Indien fidèle et farouche ; et enfin Kit Carson, le plus âgé et le plus râleur (ses joutes verbales avec Tex sont un régal).

En juin 1967, la série en "strisce" s'arrête et le personnage passe dans Tex Gigante, une nouvelle formule de 110 pages au format 20 X 26, qui va bientôt atteindre son 400e numéro et qui est continuellement rééditée, permettant aux lecteurs italiens de se constituer l'intégrale à tout moment. Les histoires s'allongent, Bonelli en profite pour ralentir de temps en temps l'action et laisser ses personnages discourir. Il est fréquent, par exemple, pendant dix planches, de voir Tex et ses compagnons installés autour d'un feu, le soir, en train de mettre en place un plan, analysant la psychologie de leurs adversaires. Le ranger s'y révèle un habile stratège, d'autant que pour lui la fin justifie les moyens. Tex a en effet son propre code : il n'hésite pas à abuser de la force physique pour passer à tabac un adversaire et il a souvent recours à l'intimidation. De plus, son caractère impossible crée sans cesse des conflits qu'il résout en général par une bagarre. Mais il s'attaque avec un égal courage aux politiciens véreux, aux shérifs corrompus et aux militaires bornés, n'hésitant pas à se placer dans des situations parfois périlleuses pour lui et ses proches, forçant le respect et l'admiration du lecteur qui accepte alors ses écarts de conduite (et même s'en délecte !).

On sent que Bonelli s'est investi à fond dans son personnage, s'identifiant complètement à lui (ses rares interviews révèlent un homme dur et intransigeant). Il a su décrire finement la mentalité indienne, évitant le manichéisme habituel de la plupart des films et des bandes dessinées. N'oublions pas que Tex s'est marié à une Indienne en 1950 ! À la fois représentant de la loi et chef incontesté de tribu, son héros, individualiste forcené, symbolise et défend la justice (mais pas ses méthodes !) à une époque où elle était constamment bafouée.

Intelligent et audacieux, tireur d'élite (il a battu Buffalo Bill lors d'un duel au fusil !), imbattable aux poings, Tex se devait d'affronter un ennemi à sa mesure : son'Olrik à lui s'appelle Méphisto. Doté de pouvoirs occultes, ce véritable génie du mal combattra le ranger et ses amis dans plusieurs épisodes homériques. à sa mort, son fils Yama reprendra le flambeau, guidé par la haine que son père lui communique du fond des enfers ! Bonelli a souvent eu recours au fantastique : des mondes perdus peuplés de dinosaures aux fleurs-vampires tombées du ciel, son univers regorge d'êtres maléfiques ou étranges Yéti, homme-loup, sectes chinoises ou vaudou… Tout cela sous l'aile protectrice d'El Morisco, un égyptien spécialiste du surnaturel, qui conseille avec sagesse et compétence Tex et ses amis dans les cas les plus difficiles.

Tex ne se situe décidément pas dans le champ du western cinématographique. Il n'a aucun lien avec le westernspaghetti en dépit du film Tex et le seigneur des abysses interprété par Giuliano Gemma en 1985 (et dans lequel Bonelli joue le rôle d'un vieux sorcier indien !). Il n'a pas d'équivalent non plus en bande dessinée, s'opposant radicalement par exemple à un Blueberry, plus réaliste et plus traditionnel. Tex s'avère d'ailleurs beaucoup plus foisonnant et captivant à la lecture que le héros de Charlier et Gir. Tex a su conquérir le public le plus large. Devenu un véritable mythe en Italie, on ne compte plus les différents hommages qui lui sont rendus régulièrement : livres, expositions, articles dans la presse, dessins animés à la TV, objets du culte…

Tex en France : Au début, Tex fut éparpillé chez différents éditeurs
* à la S.A.G.é. Tex s'appela Texas Boy et parut dans deux publications : Texas Boy (même formule que les C strisce E` italiennes) et Youmbo Magazine. * à la S.E.R. de Pierre Mou'chot, Tex devint Old Boy et fut publié dans : Old Boy, Humo, Rancho Spécial.
* Mais c'est aux éditions LUG que l'essentiel a été adapté :
- Les premières aventures ont été insérées dans Supplément à Plutos n°2 à 8.
- Tex fit l'objet, en 1952, d'un mensuel grand format, qui dura 35 numéros.
- Quand Tex s'arrête au n° 35, la suite paraît dans Rodéo à partir du n° 43. Rodéo continue actuellement avec tou-jours des inédits.
- Pendant deux ans, Tex passa également en bande complémentaire dans Yuma (n° 49 à 73).
- Il y eut un mensuel Tex Willer qui ne dura que 4 numéros en 1974.
- Spécial Rodéo, depuis le n°1, alterne rééditions et inédits. Paraît toujours.
- Tex est la bande principale de Mustang depuis le n° 71, mais uniquement en rééditions. Paraît toujours.
- Enfin, il y eut un unique album couleurs en 1984 : L'Idole de cristal.

Biblio française - M. Hirtz et H. Morgan, Tex Willer ou le western italien, Les Cahiers de la bande dessinée, n°8 1er juin 1988. - V. Cypowyj, Les Avatars de Tex, Le Collectionneur de bandes dessinées, n° 66, hiver-printemps 1991. - S. Mostefaoui, Tex, Hop ! n° 50, 3e trimestre 1991.

G. T.Cliquez pour voir l'extraordinaire 1re planche (220ko) !

Kiosque n°3 TEX

 

Planches originales de Gallep

 

 
   
   

ZEMBLA

Zembla fait partie de la longue liste des émules de Tarzan. Paru simultanément en France et en Italie, ce personnage est en fait une conception Lug puisqu'il a été créé par Marcel Navarro et réalisé pour les textes et dessins par des Italiens œuvrant directement pour Lug. Le premier scénariste est celui d'Amok : Cesare Solini. Zembla a connu plusieurs dessinateurs : tout d'abord Augusto Pedrazza, ensuite Pietro Gamba, enfin et surtout les frères Franco et Fausto Oneta. À noter dans Spécial Zemba 24 épisodes de Bertrand Charlas, l'un des collaborateurs de Pierre Mouchot. Paru dans Spécial Kiwi n°15 (juin 1963, épisode pilote), puis Zembla et Spécial Zembla. Ces deux titres existent toujours mais ne proposent plus que des rééditions.

G. T.

 
   

CAP'TAIN SWING

C'est pour remplacer Blek, abandonné en 1965, que le studio italien Esse-G-Esse, formé de trois dessinateurs turinois signant de leurs initiales (Sinchetto, Guzzon, Sartoris), créa Il Comandante Mark qui devint chez nous Cap'tain Swing. Ce héros évolue dans le même cadre que Blek : il combat l'oppresseur anglais, à la tête de ses trappeurs, "les Loups de l'Ontario", dans l'Amérique de 1773. Il est flanqué d'une éternelle fiancée, Betty (presque aussi horripilante que Suzy, la fiancée du Capitaine Miki) et de deux inséparables compères : le chauve et rigolard Mister Bluff et l'Indien triste Hibou Lugubre. à ce trio s'adjoint au n° 7 l'indispensable Pouik (Flok en V.O.), le chien de Mister Bluff, dont le grand plaisir est de mordre le postérieur de Hibou Lugubre... Peu à peu, les scénarios finissent par tourner en rond et vers la fin, le dessin se dégrade avec les décès de Pietro Sartoris et Giovanni Sinchetto, remplacés par Lina Buffolente. Quelques numéros méritent le détour :
- le n°78 relate la jeunesse de Swing (paru en Italie beaucoup plus tard, dans le n°100, mais en couleurs) ;
- Dans le n°265, Swing rencontre Blek ;
- Enfin, le dernier numéro italien, resté inédit en France, voit le mariage de Swing avec Betty, Blek le Roc étant l'invité !

Mark en Italie : 281 numéros de septembre 1966 à janvier 1990. Paraît depuis en hors-série, une fois par an, dessiné par Dario Guzzon et Lina Buffolente. Cap'tain Swing ! en France : aux éditions Aventures et Voyages, 296 numéros de juillet 1966 à février 1991 (il y a eu des rééditions). Les premiers épisodes ont été repris dans Super Swing (63 numéros) et Spécial Swing (15 numéros).

G. T. <-- Le Mariage de Swing. Regardez qui est l'invité d'honneur !

 
   
   

TARTINE

Durant les années cinquante et soixante, les Italiens se montrèrent extrêmement créatifs dans le domaine de la bande dessinée populaire. Ils excellèrent surtout dans le western et l'humour. C'est d'ailleurs en Italie que les personnages de Walt Disney ont eu le plus de succès. À un point tel que Mickey (qui s'y appelle "Topolino" c'est-à-dire "Souris") et ses amis ont vécu nombre d'aventures inédites qui, sous le crayon de dessinateurs aussi excellents que Bottaro ou Carpi, n'ont rien à envier aux histoires américaines. En 1952, Renato Bianconi quitte les éditions Alpe où il travaillait pour fonder sa propre maison. Grâce à Bottaro qui lui présente des dessinateurs comme Chierchini, il lance de nouveaux personnages humoristiques : Trottolino (Bimbo), Volpetto (Renardeau), Geppo (le bon diable à la cour de Satan), Papy Papero (inspiré de Donald Duck). C'est Giulio Chierchini qui, en 1953, crée une grand-mère turbulente pour la revue Trottolino : Nonna Abelarda (littéralement : Grand-Mère Abélarde). À l'origine, il avait proposé Nonna Alabarda (Hallebarde). Il s'inspire à la fois de la "Signora Carlomagno" de Jacovitti et de la mère de Li'l Abner. C'est en décembre 1956 que Nonna Abelarda apparaît en France, à la Société Française de Presse Illustrée (S.F.P.1.). Le directeur, jean Chapelle, décide de la rénommer Tartine Mariol en vue de se moquer implicitement de Martine Carol avec laquelle il était en mauvais termes ! Pour commencer, Tartine est insérée simultanément dans deux petits formats :

* En bande principale dans Presto où elle fait la couverture des 12 numéros parus (de décembre 1956 à novembre 1957).

* En bande complémentaire dans Arc En Ciel (du n°2 au n°16), le plus luxueux pocket jamais lancé sur le marché français, en couleurs et sur papier glacé. En fait, Arc En Ciel était publié par les Éditions de l'Occident, une filiale belge de Chapelle. Très vite, ce personnage qui sort de l'ordinaire accroche les lecteurs (et les lectrices !) et la S.F.P.I. préfère saborder Presto pour allouer un titre spécifique à l'invulnérable grand-mère. Un nouveau petit format intitulé "Tartine Mariol" sort donc en décembre 1957. Au n°5, il devient simplement Tartine et il va connaître une étonnante carrière, se prolongeant jusqu'en avril 1982 (448 numéros). Il sera flanqué d'un grand format : Festival Tartine (74 numéros, 1961 à 1973) et d'un mini-format : Tartinet (198 numéros, 1959 à 1970). Tartine a même eu les honneurs d'un latex en 1957. Comme chez Disney, les différents personnages de Bianconi se croisent. C'est ainsi que Tartine surgit pour la première fois dans une bande qui existait depuis 1952 : Volpetto (Renardeau). Elle débarque un jour en vieux tacot avec armes et bagages chez un Renardeau tout joyeux de retrouver son ancienne gouvernante (Arc En Ciel n°4). Làs, il va rapidement déchanter car Tartine est une véritable catastrophe : sportive accomplie (elle gagne le championnat du monde de boxe !), aventurière acharnée, elle écrase son petit protégé sous un tempérament volcanique. Dans Arc En Ciel n°7, elle adopte un gamin qu'elle croyait pauvre et abandonné et qui est en réalité le roi de Fantasia : Toto Il, (Soldino : ce héros est créé par Carpi). Le jeune monarque a fui son pays car il ne voulait pas régner. Les récits de Tartine se scindent dès lors en deux catégories : ceux avec Renardeau et ceux avec Toto Il, Âgée de 103 ans (elle vieillira peu à peu avec la série), cette mémé de choc au menton poilu est l'équivalent féminin de Popeye, sauf qu'elle n'a nul besoin d'épinards pour s'affirmer. Sa force herculéenne ne connaît qu'une faille : un cor au pied gauche. Son talon d'Achille, en quelque sorte. Elle n'est d'ailleurs pas tout à fait invincible puisqu'elle prend une raclée dans Tartine n°8. Mais elle sort victorieuse de la rencontre au sommet : Tartine contre Popeye ! (Tartine n°30 ; Popeye, traduit de l'italien "Braccio di Ferro", devient "Bras d'acier" !). Tartine a été créée par Giulio Chierchini mais c'est Giovan Battista Carpi qui lui a donné un meilleur aspect graphique et l'on peut presque parler d'une double création (quelques épisodes sont d'ailleurs cosignés). Mais ces deux auteurs, très pris par leur collaboration aux studios italiens de Walt Disney, ont laissé la place à d'autres dessinateurs. Déjà, dans Presto, certains épisodes étaient de Mario Sbattella (auteur de Diavolo corsaire de la Reine chez Aventures et Voyages). Mais ce sont surtout Nicola Del Principe puis Tiberio Colantuoni qui reprendront le personnage. En 1989, à la demande d'un éditeur allemand, Carpi a créé une autre grand-mère indigne : Nonna Smeralda.

 

G. T.